Le syndrome de l’épuisement professionnel ou burnout est fréquent chez les médecins et semble augmenter en termes de prévalence, surtout suite à la pandémie du COVID19, avec un impact significatif sur le système de santé. Cependant, il semble être sous-estimé jusqu’à présent chez les rhumatologues, en particulier dans les pays arabes. L’objectif de l’étude était d’estimer la prévalence et de déterminer les facteurs prédictifs du burnout chez les rhumatologues exerçant dans les pays Arabes.

Une étude transversale descriptive a été menée par le groupe de recherche de la Ligue Arabe des Associations de Rhumatologie, à l’aide d’un questionnaire électronique anonyme, établi sur la plateforme Google Forms et adressé à tous les rhumatologues pratiquant dans les pays arabes et aux résidents en formation en rhumatologie durant la période du printemps 2022. Le questionnaire a été diffusé sur les réseaux sociaux de l’ArLAR, les groupes WhatsApp des sociétés savantes et par courrier électronique de masse. Le burnout a été défini par au moins un domaine positif du Maslach Burnout Inventory (MBI) (épuisement émotionnel (EE)≥27, dépersonnalisation (DP)≥10, ou accomplissement personnel (AP)≤33). Le score final a été corrélé aux facteurs sociodémographiques à l’aide d’une régression logistique multivariée via le logiciel SPSS v23.

L’étude a concerné 445 rhumatologues et résidents en rhumatologie de 18 pays arabes, d’un âge moyen de 45,2±11,5 ans, dont 61,8 % de femmes. La prévalence du burnout chez les rhumatologues était de 61,3 % et était surtout due à un faible score d’accomplissement personnel (58,1 %) suivi d’un score élevé d’épuisement émotionnel (15,6 %) et de dépersonnalisation (11,6 %). Le jeune âge (OR=1,92 [1,20–3,08]), l’insatisfaction par rapport à la spécialité (OR=2,04 [1,20–3,46]), et le faible revenu (OR=2,26 [1,01–5,10]) étaient associés au burnout.

L’étude actuelle a montré une forte prévalence du burnout chez les rhumatologues, supérieure à celle rapportée en Amérique latine (56,6 %) et au Canada (50,8 %). L’association avec l’âge et le faible revenu a été également démontrée par Intiago et al., qui ont rapporté que les médecins en début de carrière et ceux qui ont un faible revenu étaient plus exposés à l’épuisement professionnel que ceux ayant plus d’années d’expérience. De plus, nous avons trouvé une relation inverse entre le burnout et la satisfaction dans le choix de la spécialité.

La prévalence du burnout chez les rhumatologues des pays arabes est très élevée, en raison surtout d’un faible niveau d’accomplissement personnel. Elle est associée à un revenu plus faible, à une insatisfaction à l’égard de la spécialité et à un âge plus jeune. Certains facteurs associés pourraient être modifiables, ce qui permettrait de réduire le fardeau du burnout sur les rhumatologues et sur le système de santé en général.